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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/313

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VISIONS DE L’INDE

lées et chanter d’une voix de castrat, inquiétante et ridicule. Et je crus qu’il incarnait dans sa déchéance et son dérèglement volontaire l’âme dégénérée de ce grand peuple qui s’étourdit d’enfantillage et s’enivre de sa décrépitude, tel cet eunuque ivre jouant sa parade de bateleur sur le tombeau magnifique d’un conquérant oublié.

VIII

Le Palais des Mille et une Nuits hindou.

Je me rappelle, comme si je revivais un rêve, mon séjour, il y a presque deux ans, à Delhi. Je revois les Palais, et le « Fort », délices de somptuosité voluptueuse, de guerre romanesque, où — le 6 janvier 1903, — un bal extra moderne fut donné par le Vice-Roi. Derrière ces murs énormes en grès rouge qui semblent dressés par les Titans, officiers et fonctionnaires anglais aux vêtements étriqués malgré les chamarrures bostonnèrent avec leurs femmes aux allures correctes, aux tailles rigides, là où les guerriers mongols faisaient résonner leurs armes chevaleresques et où les courtisans laissaient flotter leurs molles étoffes, étoilées de bijoux. Des buffets abondants, mais peu hiératiques, s’ados-