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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/314

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VISIONS DE L’INDE

sèrent aux merveilleuses murailles de marbre incrustées de pierreries…

Seule lady Curzon fut en harmonie avec le passé fabuleux ; sa beauté se para d’une robe brodée d’or, représentant le paon à la queue étalée de ce trône fantastique qui sous les Mongols décorait le « dewan » aujourd’hui trop anglais. Étrange destinée des souvenirs ! Une enfant de la jeune Amérique a triomphé dans cet antique palais, elle dont la robe moderne sut garder le reflet du plus étincelant prodige disparu…

Je refais par la pensée ma promenade à travers l’innombrable Demeure… Ces halls en plein vent sont d’énormes coffrets entr’ouverts. Ciselures, incrustations de pierres précieuses, extraites de toutes les mines de l’Asie ; fleurs et oiseaux de lapis-lazuli, d’agate et de nacre, fixés dans le marbre le plus pur par des architectes qui disposaient de la matière des joailliers et qui eurent l’imagination des poètes ! Ces piliers s’érigent en puissants et gracieux végétaux artificiels, ces plafonds étincèlent plus suaves que des cieux de nuits d’été ; je pouvais me croire transporté dans une région des Mille et Une Nuits, qu’embellirait la fierté arabe unie à la luxuriance indienne.


Shajahanabad vaut par le fort et le palais. Ils