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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/328

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VISIONS DE L’INDE

vraiment cumulait, voleur, bigot et assassin, priait sur ces dalles pacifiques, tandis que par son ordre le sang coulait et que le cri des agonisants montait jusqu’à lui puissant comme la rumeur de la mer. Quand il apprit que cent cinquante raille idolâtres avaient péri, il jugea la colère d’Allah satisfaite et il prononça enfin la parole qui fit s’arrêter le zèle des massacreurs.

Les Hindous me montrèrent, sans rancune, eût-on dit, cette perfide et gentille mosquée ! Ils oublient vite, quoique vindicatifs comme des enfants. L’histoire terrible qu’ils me content n’est pour eux qu’un motif pour amorcer les voyageurs et ils en espèrent quelques roupies de plus.

N’importe ! le lendemain, je les ai vus recommencer les guerres de religion parce que deux processions : l’une vishnouiste, l’autre mahométane, s’étaient rencontrées.


Et je songe que le progrès moral ne se fait guère avec le temps, que seuls les grands hommes soulèvent un moment, de leur souffle puissant ou bon, l’humanité qui retombe ensuite à ses errements, à ses indigences et à ses crimes. Le pilier d’Açoka est de bien des siècles antérieur à la mosquée sanglante. Les préceptes d’équité, de religion tolérante, de pitié universelle turent solennellement