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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/341

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VISIONS DE L’INDE

maintenant mes pieds avec autorité et respect, quand j’entre dans le sanctuaire plus vénéré encore, où repose le Gourou Arjun Samad. Des pétales sont jetés là en tas sur une stèle funéraire abritée, par une petite maison peinte à fresque. Jamais je n’ai vu endroit aussi sale… et aussi adoré.

De différents côtés apparaissent des hommes et des femmes à demi nus, seins pendants et cuisses ruisselantes, qui viennent de se plonger dans les ondes saintes. On me jette au cou des guirlandes, mes guides emportent des corbeilles remplies de « sweets meats ». Moi, en me gardant des flaques de cette eau vénérée et malpropre, j’étudie les délicieuses peintures de la maison mortuaire. L’amour y est sans cesse évoqué, l’amour tel que l’Inde le conçoit, entre Dieux et Déesses, le mâle puissant et doux, protégeant la femelle ornée comme une victime qu’on mènerait au sacrifice.

Là, c’est Rama et Sila, Chrisna et Rada, Shiva et Parvati. Rama avec son arc. Chrisna, exquis jeune homme bleu, qui joue de la flûte et qui danse. Shiva, l’ascète, délicieux et terrible, avec son collier de têtes de mort, ses serpents, sa peau de panthère… Les femmes se ressemblent toutes, belles, obéissantes, avec des yeux de lac, des fleurs dans la chevelure, les mains jointes dans une adoration qui est le culte de la Divinité et du Mari.