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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/342

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VISIONS DE L’INDE

Là encore, des livres que gardent des pontifes jaloux. Je ne peux que les regarder de loin ; ils sont si sacrés que l’air autour d’eux ne saurait être respiré par l’impur que je suis…

VI

Je visite Lahore à éléphant.

Le lendemain, je parcours la ville sur un éléphant que le gouverneur a mis à ma disposition près du Delhi Gate.

Le splendide animal, aux yeux rusés, à la trompe gourmande, où des signes planétaires sont peints, s’avance avec lenteur dans les rues populeuses au milieu des bazars. Il s’amuse, innocemment d’ailleurs, à effrayer les enfants, et parfois il dévaste les étalages de fruits et de légumes.

Je suis assis, là-haut, tel un rajah, sur un vieux trône de bois peint. Les enfants me font cortège ; on enlève, pour me laisser passer, les larges bandes d’étoffes qui joignent les maisons en vis-à-vis. Je jette des regards indiscrets dans les intérieurs hardiment pittoresques qui se révèlent à moi, grâce à la hauteur de ma monture. Des femmes presque blanches, étonnées, se voilent en m’apercevant,