Aller au contenu

Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
338
VISIONS DE L’INDE

où malgré la fièvre obstinée j’avais conscience de ma détresse, je récapitulais sévèrement les incidents de ce voyage, je me raccrochai avec un espoir désespéré à cette médiocre aumône, comme si elle pouvait me pardonner, au moment des comptes suprêmes, d’être allé chercher trop loin l’émotion et la beauté !

VIII

La Fontaine immortelle.

Amritsar ! ville au nom sacré et magnanime, qui signifie la source d’immortalité ! J’y vais passer quelques heures entre deux trains.

La gare est importante, dirigée par un « station master » portugais ; son visage est presque aussi brun que celui d’un natif ; mais ses traits reconstituent le type fier et un peu sec de cette race conquérante. Sur sa poitrine s’étale, comme une profession de foi, un crucifix d’argent. Je lui suis recommandé par M. Finney. Il est pour moi l’avenance et la bonté même ; il exige par surprise que j’entre dans sa voiture et il me comble de fleurs. Son clerc, un brave Hindou très religieux et très déférent, m’accompagne. Il a beau n’être pas