nos chambres sans porte, mon ami jure de colère comme un troupier, moi je me couche en silence. Ce spectacle inouï me reporte à des milliers d’années…
Je m’étends sous ma moustiquaire dans mon costume de nuit ; le susurrement des insectes ailés heurte la fine mousseline, le grillon ne cesse de chanter sur la terrasse ; nos boys seuls dorment devant nos portes, et au moment où je vais m’assoupir, le matin, je suis réveillé par les corbeaux…
VI
En « pancy ».
Je suis en « pancy », c’est-à-dire en gondole sur l’Hougli. Voilà donc le Gange ! J’y navigue pour la première fois. Ce fleuve, sacré entre tous, sort, d’après les légendes brahmaniques, de la tête même du dieu Shiva, qui est à la fois le solitaire sublime et la montagne neigeuse. Un moment, je regrette presque le Nil. Le Nil est le même que du temps des Pharaons ; le Gange est pollué par le trafic et les immondices modernes. Ma « pancy » est pourtant un esquif de rêve, légère, toute en bambou ; la tente de