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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/416

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VISIONS DE L’INDE

nace, ne devient obéissant et laborieux que sous la cravache levée !

Parfois, je me trouve si las et si triste, je me comprends si dépaysé, si jeté par lèvent du destin, loin des terres où gisent encore mes racines, que l’envie me prend de changer mon itinéraire, de refuser lu chance qui m’a conduit jusqu’ici dans la plus belle contrée de la terre, parmi les augustes merveilles du plus colossal passé… Oui, je voudrais faire mes malles, fermer mes valises, renvoyer mon « boy » et prendre au plus vite à Bombay un paquebot français où il y ait des femmes de mon pays, des paroles sonores, des visages ouverts, des rires, — on ne rit pas chez les Anglais ; et chez les Hindous, on se tait, on gémit, on ricane et on crie ; — oui, des rires, du bruit joyeux, de la vie éclatante, de l’amitié, de l’amour…

Je n’ai comme compagne que mon âme, mon âme désolée au milieu de la splendeur des paysages et des souvenirs ; elle les regarde à travers un voile de demi-deuil. Comme ces cités merveilleuses me passionneraient si je pouvais confier à un autre les sensations dont elles m’enrichissent, au lieu de les laisser refroidir sur mon carnet de notes ! Et quel