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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/424

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VISIONS DE L’INDE

familiale, le soin constant qui débilite, enlève l’initiative, corrompt ce magnifique métal du courage, avec lequel nous avons forgé non seulement le glaive, ce qui est peu, mais l’idéal qui a rénové le monde.

Jamais je n’ai mieux compris mon devoir de « féministe » qu’en ces lointaines contrées, en voyant les chers, les délicats frères de mon sang, dépaysés, affaiblis, effrayés, ou superficiels et fanfarons.

Et cela, c’est la faute d’abord de nos mères, puis de nos sœurs, puis de nos amantes. Purs ou passionnés, leurs baisers nous anémient, font de nous un peuple nerveux et craintif, alors que nous sommes nés pour devenir des conquérants et des hommes libres.

Cette tendresse dont le Français est avide, il n’est pas juste qu’il la reçoive à sa naissance comme un don gratuit du destin ; il est mieux qu’elle ne lui soit donnée que s’il la mérite, s’il l’a gagnée.

Et pour obtenir ce but de joie intime et reposante qui excita, au moyen-âge déjà, les merveilleuses prouesses humanitaires de la chevalerie, nous verrons peut-être son énergie anémiée se reconstituer pour de nouveaux et magnifiques exploits.