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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/426

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VISIONS DE L’INDE

quand il aura terminé sa tournée dans l’Inde. Et je suis un peu consolé de mes chagrins de solitude en l’entendant me raconter les siens. Lui aussi, il regrette la France, il a été déçu par l’Inde, ce magnifique pays douloureux ; lui aussi, il voudrait avoir auprès de lui un cœur qui partageât ses émotions. Et tout lui paraît inutile et fade en l’absence de cela.

— Ah ! lui dis-je, si je vous avouais l’incurable mélancolie de mes promenades, sous ce ciel de printemps éternel, dans les jardins du Taj, pourtant aussi enivrants de parfums, aussi frais d’ombrages, aussi égayés de nombreuses sources que le Paradis promis par le Prophète à ses croyants. Les Anglaises desséchées, les Anglais moroses ou pleins de morgue, sont, à leur manière, presque aussi distants de moi que ces peuplades humiliées… Ils sont préoccupés de leurs affaires, de leur famille, de leur domination, de leur personnalité d’anglais en somme…

« Mais, à un détour d’allée, tout à coup un frisson de curiosité et de sympathie me tirait de mes mélancoliques réflexions. J’avais aperçu sur un banc un couple de « half cast », de ces demi-noirs ou demi-blancs, dédaignés par les Anglais, tenus à l’écart par les autochtones.

« Ils se prenaient la taille comme les amoureux