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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/108

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CHAPITRE XVI.

L’Édit de Nantes.


L’édit de Nantes n’est pas, comme on pourrait le croire, la proclamation de la liberté de conscience. D’abord, la liberté de conscience comprend la liberté de toutes les religions et de toutes les doctrines philosophiques, tandis qu’il ne s’agit, dans l’édit de Nantes, que d’accorder la liberté aux protestants et à eux seuls. Pour eux-mêmes, la liberté est loin d’être entière. On ne déclare pas que les lois politiques ou civiles ne feront plus désormais de différence entre les sujets appartenant aux deux cultes, que les deux clergés obtiendront les mêmes secours, auront les mêmes droits dans leurs églises respectives, et la faculté d’exercer publiquement et en tous lieux leur ministère. Les deux partis restent ce qu’ils sont, chacun dans son propre camp, et concluent, pour ainsi dire, une paix sous les armes, en se donnant l’un à l’autre des garanties et des otages. Le roi, devenu par son abjuration chef du parti catholique, après avoir été si longtemps le chef heureux de l’autre parti, n’assure à ses anciens amis que les droits les plus indispensables. Il leur donne la liberté de conscience chez eux, la liberté du culte privé ; c’est-à-dire que désormais on ne pourra plus les rechercher pour ce qui se passe dans leurs maisons, ni les contraindre à participer aux cérémonies de l’autre culte, ni les exclure, pour cause de religion, des fonctions pu-