Aller au contenu

Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

patience des protestants, de leur rendre la vie impossible, de retirer une à une, sous de vains prétextes, ou à l’aide d’indignes subterfuges, toutes les concessions de l’édit de Nantes. Dans l’impossibilité de suivre la marche historique de cette persécution, j’essayerai d’en présenter le résumé et de montrer combien elle fut habile et complète. On verra aussi à quel point elle fut odieuse.

L’exercice de la religion réformée fut d’abord proscrit dans tous les chefs-lieux de diocèses et dans les seigneuries appartenant à des ecclésiastiques. Les consistoires ne purent voter de subsides que pour le lieu de leur circonscription [1]; ils ne purent augmenter le nombre des ministres en exercice[2]. On les réduisit sur la fin à ne s’assembler que tous les quinze jours, et en présence d’un commissaire[3]. Les bancs d’honneur élevés dans les temples furent abattus ; les consuls ou échevins durent, en se rendant au service divin, quitter les marques de leur dignité [4] : il fallut, dans ces temples proscrits, garder une attitude de proscrits. Les seigneurs haut-justiciers avaient, en vertu de l’édit, le droit d’ouvrir chez eux un prêche public ; on enjoignit à ceux qui se convertissaient de fermer leur temple, en attendant qu’on réduisît les autres à faire leurs dévotions à huis clos[5]. Les simples gentils-hommes, sans droit de haute justice, et qui par conséquent n’avaient pas de prêche public, durent effacer dans leurs maisons toutes les traces du Culte réformé[6]. On enjoignit aux ministres de quitter l’habit religieux[7]. Ils ne purent résider dans un lieu où le culte était interdit, sans encourir la destitution[8], ni exercer leur ministère ailleurs que dans le lieu de leur résidence[9], ni être attachés plus de trois

  1. 6 novembre 1656. 5 janvier 1683.
  2. 24 novembre 1681.
  3. Déclaration du 21 août 1684.
  4. Arrêt du conseil, 9 février 1672.
  5. Arrêt du 11 janvier 1657.
  6. Arrêt du conseil, 24 mars 1661.
  7. 30 juin 1664.
  8. 17 mai 1683. 30 avril 1685.
  9. Déclaration de décembre 1656, Arrêt du conseil du 11 janvier 1657. Autre, 6 novembre 1674.