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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/146

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de soutenir la religion. Le roi défendit de nouveau de continuer l’information contre les curés ; et le parlement répondit à cette défense expresse en donnant à la procédure une impulsion nouvelle. Le roi nomma une commission composée d’évêques et de magistrats de son conseil, pour informer sur les affaires de la bulle ; et le parlement, sans tenir compte des ordres de la cour, poursuivit chaque jour des curés accusés de refus de sacrements. Le 30 juin, quand on s’assembla pour juger le curé d’Abbeville, on ne put rien faire par l’absence de deux témoins, que le roi avait exilés la veille à cent lieues de Paris. Enfin, après une lutte scandaleuse, qui rendit la faiblesse du roi manifeste, et dans laquelle le parlement viola la liberté de conscience sous prétexte de la protéger, tandis que l’archevêque, pour défendre un droit abstrait qu’il exerçait avec fanatisme, faillit occasionner la guerre civile, le parlement rendit un arrêt portant que les chambres demeureraient assemblées, tout service cessant, jusqu’à ce que le roi eût reçu ses remontrances. Celait mettre la royauté dans la nécessité de frapper ou de s’avilir.

Le roi exila les cinq chambres des enquêtes et les deux chambres des requêtes du palais. La grand’chambre, qu’on avait épargnée (de la faiblesse jusque dans la violence), voulut partager le sort du reste du parlement, et fut exilée à Pontoise. Quand elle sortit de la chambre après l’arrêté qui causa son exil, elle fut applaudie à tout rompre.

Tout succombait dans ces tristes débats : le roi, le parlement, la religion. L’archevêque violait la liberté de conscience, en recourant au bras séculier ; le roi et le parlement, dans leurs conduites diverses, la violaient à leur tour, en s’arrogeant des pouvoirs spirituels.

Ainsi la liberté n’existait pour personne dans les choses mêmes qui relèvent le plus directement de la conscience, et qui sont le plus étrangères aux devoirs publics du citoyen.