Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/188

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ou de refuser les décisions de l’autorité spirituelle compétente, n’est-ce pas la même chose au fond, sous une forme différente ? L’acceptation par la cour de Rome du droit conféré à nos parlements et à nos rois d’admettre ou de rejeter tous ses actes, même spirituels, est assurément un des faits les plus étranges et les plus inconcevables de l’histoire du catholicisme. Au moins, du temps de nos anciens rois, la cour de Rome acceptait le contrôle d’un pouvoir essentiellement catholique ; et comme elle restait de son côté maîtresse d’accorder ou de refuser la consécration des évêques, elle pensait avec raison qu’elle avait des armes pour se défendre, et des armes qui, à la longue, devaient lui assurer le dernier mot. Mais tout était changé sous la Constituante. Il ne s’agissait plus d’un parlement catholique, contenant même des clercs dans son sein, ni d’un roi fils aîné de l’Église. Le roi n’était plus qu’un pouvoir subordonné, une sorte de garde des sceaux couronné de l’Assemblée constituante. L’Assemblée, qui siégeait par la seule volonté du peuple, pouvait si bien n’être pas catholique, qu’il fut très-évident, avant la fin de sa législature, qu’elle ne l’était pas. Elle fut présidée par un pasteur protestant. En un mot, elle ne dépendait plus en rien de la cour de Rome, qui aurait perdu plus que l’Assemblée et la France à mettre la France en interdit. Ce droit d’accepter ou de refuser tout ce qui venait de Rome, inconciliable en tout temps avec la liberté de conscience, en était devenu la négation la plus complète et la plus formelle.

Pourquoi l’Assemblée l’avait-elle conservé ? Le pape était son ennemi, elle le sentait, elle le savait ; ennemi de ses principes religieux et de ses principes politiques. Ce droit ne donnait pas à une assemblée purement politique, dans un peuple sans religion d’État, une autorité spirituelle. Voulait-on, par ce retour aux anciennes formes de l’Église gallicane, empêcher le pape de modifier la foi ? Qu’importait à l’Assemblée constituante ? Où étaient son droit,