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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/192

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en concile de sa propre autorité, comment l’Assemblée pouvait-elle voir dans une religion autre chose qu’un rouage politique ? Et si la religion, au lieu d’être une institution divine, n’était plus qu’un moyen de police, comment l’Assemblée admettait-elle la pluralité des cultes ? Où prenait-elle le principe de la liberté de conscience ? Si l’Assemblée admettait qu’une religion pût être vraie, elle se rendait sacrilège en se substituant, sans mission et sans compétence, à l’autorité religieuse ; si elle était indifférente, comment, ne croyant à rien, et réglant un culte, apparemment pour empêcher des troubles dans l’État sous prétexte de religion, en laissait-elle subsister la cause la plus grave, et la seule grave peut-être dans un État où le pouvoir est bien organisé, à savoir la pluralité des cultes ? Cet acte de l’Assemblée constituante qui fut préconisé, et qui l’est encore par certains esprits, est un acte sans foi, sans doctrine, même politique, et sans habileté.

Je n’insiste pas sur le titre III qui fixe les salaires, parce que c’est le droit de l’autorité civile, dès que l’Église lui demande des salaires, et qu’elle consent à lui en donner, d’en faire elle-même la distribution. Le titre IV rendait la résidence obligatoire, et, disposition assez conforme au reste de la loi, mettait les fonctionnaires ecclésiastiques sous la dépendance et l’autorité des municipalités.

Voilà la constitution civile du clergé, à la confection de laquelle concoururent de grands esprits, dont plusieurs étaient bons théologiens ; mais ces derniers avaient été accoutumés par l’usage de ces deux compromis célèbres, les concordats et les libertés de l’Église gallicane, à ne plus discerner clairement les droits de l’État et ceux de la conscience. Leur plus grande contradiction consista à faire une constitution civile du clergé après avoir proclamé la liberté des cultes ; car la liberté des cultes est la séparation du spirituel et du temporel, ou elle n’est rien, La discussion dura du 29 mai au 12 juillet ; c’était,