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CHAPITRE V.

Persécutions exercées contre les prêtres réfractaires.


Je suivrai d’abord dans son martyre cette Église orthodoxe, que nous venons de voir orgueilleuse et fougueuse dans sa résistance. Il ne s’était trouvé que quatre évêques pour désobéir ouvertement au pape. Ceux qui avaient émigré, écrivaient dans leurs anciens diocèses, pour exciter les fidèles contre les nouveaux prélats et les prêtres schismatiques. Les évêques et les prêtres insermentés restés en France, étaient l’objet des haines populaires. En Champagne, un prêtre qui expliquait son refus de serment, fut tué d’un coup de fusil devant l’autel. À Paris, quelques maisons, où des prêtres réfractaires s’étaient réfugiés, furent pillées ; des religieuses furent arrachées de leur asile et fustigées en public. Cependant l’exercice du culte orthodoxe n’avait été proscrit par aucune loi ; l’ancienne Église pouvait vivre, en qualité d’Église tolérée, à côté de la nouvelle qui était l’Église officielle de l’État. Cette dernière pouvait seule user de ceux des édifices religieux qui n’avaient pas changé de destination ; mais rien n’empêchait les orthodoxes de louer une maison particulière pour y célébrer leurs offices. Quelques-uns d’entre eux louèrent en effet l’église des Théatins, devenue propriété privée. Ils placèrent sur la porte, avec l’assentiment des magistrats, l’inscription suivante : « Édifice con-