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CHAPITRE VI.

Persécutions contre le clergé constitutionnel.


Le clergé constitutionnel pendant ce temps-là n’était pas non plus sur un lit de roses. Camus, un des auteurs de la Constitution civile, qui avait été longtemps l’avocat du clergé, et qui, s’il connaissait médiocrement la théologie, avait en droit canon des connaissances étendues et même profondes, avait dit le secret des hommes d’État de la Constituante, en prononçant ces graves paroles dans la séance du 1er juin 1790. « L’Église est dans l’État ; l’État n’est pas dans l’Église. Nous sommes une Convention nationale ; nous avons assurément le pouvoir de changer la religion. » Du pouvoir de la changer, au pouvoir de la supprimer, la différence est très-mince. Imposer une religion, ou la supprimer, ce ne sont que les deux formules d’une même chose, qui est l’intolérance. Si le pouvoir qui s’attribue cette omnipotence sur la conscience publique, a une foi, il l’impose, et alors il ne dit plus : l’Église est dans l’État, mais bien : l’État est dans l’Église. S’il n’a pas de foi, et qu’il croie la religion utile, comme un hochet pour les croyants, ou comme un instrument pour les gouvernements, il impose soit une religion toute faite, soit une religion accommodée à ses vues politiques, et alors, il dit avec raison : l’Église est dans l’État. Si enfin, toute expérience faite, il s’aperçoit que l’Église la mieux organisée et