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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/227

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autre, d’abattre toutes les statues[1] ; un autre, de raser les clochers qui, par leur élévation, offensaient la vertu républicaine par excellence, la vertu de l’égalité[2]. Ainsi était consommée l’oppression des consciences.

La chute et la mort de Robespierre mirent fin à la terreur, en dépit peut-être des principaux promoteurs du 9 thermidor, qui avaient fait la guerre à l’homme, plutôt qu’au système. Il essayèrent plus d’une fois, sous la Convention, et jusque sous le Directoire, de rétablir par des moyens violents la domination de la Montagne ; mais c’en était fait : l’arme ne pouvait servir que dans les mains qui l’avaient forgée. La légalité, et par conséquent l’apaisement gagnèrent du terrain chaque jour. Les affaires religieuses s’en ressentirent : non qu’il y eût dans la Convention un retour au sentiment religieux ; Robespierre, qui voulait une religion, avait été obligé de triompher de l’indifférence de ses collègues. Ils votèrent, à sa voix, le culte de l’Être suprême, comme ils avaient voté le culte de la Raison, et approuvé, au moins pour un jour, l’athéisme d’Hébert et de Chaumette. L’indifférence, après lui, fut complète. On fit, par indifférence, quelques pas vers la liberté. Un représentant en mission, ayant prononcé la déportation contre tout prêtre qui ne rapporterait pas ses lettres de prêtrise, la Convention annula cet arrêté[3]. C’est avec indifférence aussi qu’on entendit la motion de Cambon, qui proposait l’abolition complète du budget des

    comme suspect ; 4o que les comités révolutionnaires seront invités à surveiller de bien près tous les prêtres ; 5o qu’il sera fait une pétition à la Convention pour l’inviter à porter un décret qui exclue les prêtres de toute espèce de fonctions publiques… »

  1. Séance de la Commune du 22 brumaire an II. Sur le réquisitoire du procureur de la Commune, le conseil arrête que l’on démolira tous les saints qui se trouvent au portail de la ci-devant métropole.
  2. Commune de Paris, 22 brumaire an II. Sur la proposition d’un membre, le conseil arrête que le département sera invité à faire abattre les clochers qui, par leur domination sur les autres édifices, semblent contrarier les principes de l’égalité.
  3. 3 ventôse an III (février 1796).