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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/232

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par le sentiment religieux, qui est un fait de la nature humaine. Après l’avènement du Directoire, il se produisit une secte assez ridicule, sous le nom de théophilanthropes. Elle eut aussi ses adhérents. Quand le premier consul fit le concordat, il y avait assez longtemps que le budget des cultes était supprimé et très-longtemps que l’Église constitutionnelle était plutôt répudiée que soutenue par le gouvernement ; cependant, à ce moment même, elle tenait à Paris, publiquement, dans l’église de Notre-Dame, son second concile. Le premier avait été célébré du 29 thermidor an V au 22 brumaire an VI. Le second dura depuis le 10 messidor an IX jusqu’au 28 thermidor de la même année. Il comptait quarante-cinq évêques et environ quatre-vingts députés du second ordre. Grégoire, évêque de Blois, y prononça le discours d’ouverture. Le concile déclara en se séparant qu’il n’avait d’autre but que la pacification de l’Église gallicane ; il avait fait la même déclaration dans une lettre adressée au Pape.

Le premier consul, qui traitait avec le Pape et par conséquent avec le clergé orthodoxe, ne fît intervenir en aucune façon le clergé révolutionnaire dans les préliminaires du concordat ; mais le concordat fait et signé, il montra, comme j’aurai occasion de le raconter plus loin, qu’il ne voulait point le renier, et exigea que le Pape l’admît à sa communion. Il se trouva qu’après tout ce qui avait été fait contre les deux clergés, ils subsistaient l’un et l’autre : c’est un très-grand fait historique, qu’il importait de mettre en lumière, et qui prouve une fois de plus qu’on n’agit sur la conscience que par la persuasion.