Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/247

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gements qui arrivèrent alors, principalement dans la discipline, se firent contre mon inclination et ma façon de penser. Simple agent d’un gouvernement qui ne se souciait en aucune sorte de la religion catholique, je ne pus alors empêcher tous les désordres qu’il voulait exciter à tout prix à dessein de la renverser. Actuellement que je suis muni d’un plein pouvoir, je suis décidé à mettre en œuvre tous les moyens que je croirai les plus convenables pour assurer et garantir cette religion… La France, instruite par ses malheurs, a ouvert enfin les yeux ; elle a reconnu que la religion catholique était comme une ancre qui pouvait seule la fixer dans ses agitations et la sauver des efforts de la tempête, elle l’a en conséquence rappelée dans son sein. Je ne puis disconvenir que j’ai beaucoup contribué à cette belle œuvre. Je vous certifie qu’on a rouvert les églises en France, que la religion catholique y reprend son ancien éclat et que le peuple voit avec respect ses anciens pasteurs qui reviennent pleins de zèle au milieu de leurs troupeaux abandonnés… Quand je pourrai m’aboucher avec le nouveau pape[1], j’espère que j’aurai le bonheur de lever tous les obstacles qui pourraient s’opposer encore à l’entière réconciliation de la France avec le chef de l’Église… J’approuverai qu’on fasse part au public, par la voie de l’impression, des sentiments qui m’animent, afin que mes dispositions soient connues, non-seulement en Italie et en France, mais encore dans toute l’Europe[2]. »

Il partit après ce discours pour aller battre Mêlas. Revenu à Milan, il assista quatre jours après Marengo au Te Deum chanté par le clergé italien pour célébrer cette victoire. Il écrivit aux consuls : « Aujourd’hui (18 juin) malgré ce qu’en pourront dire nos athées de Paris, je vais

  1. Le cardinal Chiaramonti, élu pape à Venise, sous le nom de Pie VII, le 14 mars 1800.
  2. Correspondance de l’empereur Napoléon Ier (t. VI, p. 330 sqq).