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CHAPITRE IV.

Le pape persécuté par le gouvernement impérial.


On ne tarda pas à voir que les appréhensions du pape et du cardinal Consalvi, au sujet de la police des cultes, n’étaient que trop fondées. Le concordat avait le sort de tous les compromis ; chacun des contractants avait excédé son droit, le premier consul en accordant trop d’avantages au catholicisme, le pape en laissant prendre au pouvoir civil trop d’autorité sur les affaires religieuses. Ayant besoin, chacun de leur côté, de faire approuver leur œuvre, le pape par les cardinaux, et le premier consul par les assemblées législatives, ils étaient obligés de changer l’un et l’autre de langage et de rôle : car le pape, discutant contre le premier consul avant la conclusion, déclarait impossibles des concessions qu’il présentait maintenant aux cardinaux comme acceptables et surtout comme nécessaires ; et le premier consul, qui n’avait cessé d’affirmer au cardinal Consalvi qu’il était tout prêt à rompre les négociations et à se passer du concours de l’Église catholique, faisait démontrer aux législateurs, par le conseiller d’État Portalis, que rien n’était plus indispensable à l’ordre et à la paix que la religion catholique et romaine. Il y avait pourtant cette différence entre les deux situations, que le premier consul tirait avantage, pour faire accepter plus aisément le concordat, de toutes les entraves qu’il avait imposées à