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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/258

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l’autorité pontificale. Il crut même qu’il y avait lieu de les aggraver après coup, et il s’y porta avec d’autant plus de résolution, qu’en même temps qu’il améliorait sa situation devant les corps constitués, il augmentait sa force de résistance contre les empiétements éventuels de la cour de Rome. Telle fut la double origine des articles organiques joints au concordat, et qui constituaient précisément cette police du culte laissée à la disposition du gouvernement par l’art. 1er.

On peut être étonné d’entendre parler de résistance aux volontés du premier consul. D’abord, le concordat n’était pas une surprise pour la nation ; les négociations avaient duré longtemps, et personne n’ignorait ce qui se préparait. Il ne s’agissait pas non plus, comme on l’a dit trop souvent, de relever les autels : le culte catholique était déjà rétabli dans 40 000 communes de France au moment du concordat. Enfin, le premier consul ne rencontrait guère d’obstacle à ses desseins en 1801. Le Tribunat, le Corps législatif lui obéissaient aussi exactement que son Conseil d’État et son armée. Il n’en est pas moins vrai que, sur ce point, les esprits se montraient plus difficiles que sur tout le reste : ce n’était pas par respect pour la liberté de conscience ; on n’aurait guère pensé à demander la liberté d’avoir un culte, mais on se sentait blessé et comme menacé par cette consécration officielle d’un culte, et surtout du culte catholique. Ce retour à la religion semblait, à tous ceux qui ne l’avaient pas souhaité, un abandon de la révolution. La révolution avait été faite autant contre le clergé que contre la royauté. Beaucoup d’anciens jacobins s’accommodaient d’un maître, mais ils ne pouvaient se faire à l’idée d’un catéchisme. Ils pouvaient changer de politique, et colorer même leur changement ; mais ils ne pouvaient cesser d’être voltairiens. L’armée et son état-major, même dans les grades les plus élevés et dans l’entourage immédiat de l’empereur, dissimulait à peine sa mauvaise humeur. Les tribuns et les députés annonçaient