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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/295

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CHAPITRE VII.

Oppression de la liberté de conscience dans divers États
de l’Europe.


Nous sommes presque indifférents à la liberté des cultes ; et cependant l’inquisition n’est pas aussi loin de nous qu’on le pense. Le règne de François Ier, qui a vu les massacres de Mérindol ; le règne de François II, qui a vu le massacre d’Amboise ; le règne de Charles IX, fatalement célèbre par le massacre de la Saint-Barthélémy ; les règnes de Henri III, de Henri IV, de Louis XIII, tous remplis d’assassinats et de guerres civiles, n’appartiennent pas au moyen âge. Il semble qu’on sente redoubler son horreur et son effroi quand le crime est ordonné dans la langue que nous parlons, et quand le récit de ces supplices et de ces persécutions se mêle à l’histoire d’une époque où fleurissent les beaux-arts, où les sciences sont en progrès, où les mœurs sont douces et polies. N’est-ce pas comme une ironie de l’histoire de placer les dragonnades précisément sous le règne de Louis XIV, pour que les Boileau, les Racine, les Bossuet en soient les témoins, et peut-être, grand Dieu ! les panégyristes ? C’est à peine si la Révolution française, qui affranchit tout, donne la liberté aux consciences. Ce despotisme dure encore quand tous les autres sont renversés. La Restauration croit honorer la religion catholique