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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/329

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le tiers des amendes encourues[1] ? Pour l’Espagne, on sait qu’elle est au premier rang parmi les ennemis des juifs. Après avoir chassé les Maures de la péninsule, Ferdinand et Isabelle crurent compléter leur ouvrage en en faisant sortir aussi les Israélites. Huit cent mille sujets espagnols se trouvèrent tout à coup sans patrie. Quatre ans après, en 1496, le Portugal imita cet exemple, et les juifs portugais furent obligés de se réfugier à Bordeaux et dans le midi de la France. Quelques-uns furent s’établir en Hollande, où leur colonie a prospéré. Le roi Emmanuel ordonna que les enfants au-dessous de quatorze ans seraient retenus par force en Portugal, et baptisés. On vit des parents tuer leurs enfants et se tuer après eux. Depuis longtemps les juifs sont rentrés en Portugal ; mais aujourd’hui même il n’y en a pas en Espagne, ou, s’il y en a, ils cachent leur religion. Ils ne peuvent pas avoir d’état civil, car la loi ne commet aucun magistrat pour recevoir les actes de naissance et de décès et pour présider aux mariages ; les curés catholiques sont seuls chargés de constater la naissance ou la mort et de légitimer les unions. Et pourtant, presque chaque année, un souffle libéral passe sur l’Espagne. On y a perdu le fanatisme de la royauté ; mais on y a retenu quelque chose du fanatisme religieux : c’est le terroir de l’inquisition[2] !

    non-observance des fêtes, la profanation des églises, la violation du jeûne et l’immoralité. Nous ne rappellerons pas non plus de quelle manière les lois civiles et canoniques punissent ces crimes. Tout le monde sait que, d’après le caractère du crime et des personnes et selon les circonstances des temps, les peines ordinaires ont toujours été soit l’excommunication, soit la prison, soit l’amende, soit la flagellation, soit l’exil, soit même la mort. » (Mandement du cardinal-évêque d’Osimo.)

  1. Édit de Mgr Patrizi, président du tribunal de l’inquisition, janvier 4 866 ; édit général du saint-office promulgué par le P. Thomaso Vincensio Alraldi, inquisiteur pour les villes et diocèse d’Ancône, Cosimo, etc.
  2. Voici les termes d’une circulaire récente (1857) du ministre de l’intérieur : « Les décrets royaux rétablis ne permettent aucune controverse sur les matières religieuses ; il ne sera pas permis non plus de discuter l’opportunité de la conservation en Espagne de l’unité religieuse, jadis héroïquement défendue par les Espagnols au prix de leur sang. »