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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/330

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Il serait trop triste de montrer les juifs opprimés dans la plupart des cantons suisses. Ces restes de barbarie font trop de mal, quand on les retrouve sur le sol de la liberté. Il faut se souvenir aussi des longs débats qu’a suscités l’élection de M. Lionel Rothschild au Parlement. On ne refusait pas de le recevoir, non ; mais on refusait de modifier pour lui la formule du serment, qui se terminait ainsi : « Je le jure sur la foi d’un chrétien. » Et pourtant, voyez l’inconséquence ; jurer ainsi, pour M. de Rothschild, ce n’était pas jurer du tout. Il n’aurait pas refusé, s’il avait eu moins d’honneur.

Je conclus que la liberté de conscience est nouvelle, qu’elle est incomplète, même en France, et qu’elle est méconnue dans la moitié de l’Europe. Cependant, nous croyons la posséder. Nous ne sentons pas notre maladie, ce qui est la pire de toutes les maladies. Nous ne comprenons pas qu’il n’y a pas de liberté du dehors, pour qui ne possède pas la liberté du dedans.