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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/334

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CHAPITRE II.

Arguments pour la liberté des cultes.


Il semble que la séparation absolue de l’Église et de l’État soit nécessaire à l’indépendance de chaque Église vis-à-vis de l’État, à l’égalité des Églises entre elles, à la fondation ou à l’introduction dans un pays d’une religion nouvelle, et même, considération grave quoique d’un ordre très-inférieur, à une équitable répartition de l’impôt.

1. Il n’est pas difficile de montrer que la séparation absolue est nécessaire à l’indépendance d’une Église vis-à-vis de l’État. Si l’État protège une religion, si seulement il lui donne des édifices et un salaire, cette religion devient, en dépit de tous les efforts contraires, une partie de l’administration publique. Elle entre dans l’État, comme tout ce qui fait partie de la police de l’État, avec l’obligation d’en subir la politique, d’en respecter et d’en faire respecter les lois fondamentales. En France, par exemple, où la religion catholique est aussi libre qu’elle puisse l’être sous le régime de la protection, le gouvernement a une très-grande part à l’administration, même spirituelle, de cette Église. Le concordat et les articles organiques qui sont au concordat ce qu’un règlement d’administration publique est à une loi, ne donnent pas seulement à l’État le droit de surveiller l’Église, ils lui confèrent en outre un droit d’intervention très-réel et très-important dans les