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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/333

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Qu’est-ce enfin que le concordat ? C’est un traité conclu entre l’État et l’Église, pour se céder l’un à l’autre, au détriment de la liberté de conscience, une part de la souveraineté qu’ils n’ont pas. L’État vend à l’Eglise la liberté des citoyens, pour obtenir d’elle la paix et un appui ; l’Église vend à l’État ce qu’elle croit ou ce qu’elle dit être la vérité absolue, pour obtenir de lui le privilège d’enseigner seule, et celui de s’enrichir[1].

Conséquence : l’Église dans l’État est l’abdication de la foi religieuse ; l’État dans l’Église est la négation absolue de toute liberté ; le concordat est tout ensemble la foi avilie et la liberté proscrite. Il faut donc rejeter toute alliance entre le temporel et le spirituel. Proclamer leur séparation, ce n’est pas autre chose qu’exprimer le dogme à la fois si nécessaire et si simple de la liberté de conscience.



  1. Voyez ci-dessus, p. 224.