Aller au contenu

Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doc et quelques magistrats, pour arriver à une conciliation ; mais les évêques se montrèrent inflexibles ; et, chose digne de remarque, la plupart des protestants, qu’une telle décision du clergé condamnait au concubinage, puisqu’il n’y avait pas alors d’autres mariages que le mariage devant l’Église catholique, aimèrent mieux en subir les conséquences pour eux et pour leurs enfants, que de se souiller par une hypocrisie. Sans vouloir offenser personne, je crois pouvoir dire ici qu’il ne faut jamais jouer avec les choses sacrées. Tout le monde y perd : le prêtre qui exige, l’incrédule qui se soumet. Ces adhésions simulées n’aboutissent qu’à l’indifférence religieuse ou à la haine contre la religion qui les impose.

Il arrive aussi, et même assez fréquemment, que les inhumations deviennent des sujets d’irritation et de scandale. C’est peut-être plutôt la faute des incrédules que celle des prêtres. La loi civile a réglé tout ce qui concerne l’inhumation proprement dite ; mais elle ne pouvait obliger un clergé à célébrer les cérémonies religieuses sans empiéter sur le pouvoir spirituel. Il est vrai que quand une Église refuse ses prières et ses cérémonies à un mort, elle le rejette en quelque sorte publiquement de sa communion, et fait peser une sorte d’anathème sur sa mémoire ; et il est également hors de doute que l’Église catholique, dans certains cas heureusement très-rares, refuse l’entrée du temple et la présence de ses ministres[1] ; mais

  1. « Suivant les canons, on doit refuser la sépulture ecclésiastique, c’est-à-dire les cérémonies et les prières de l’Église : 1o aux païens, aux juifs, à tous les infidèles ; 2o aux apostats (apostatis a fide christiana) ; on doit mettre au nombre des apostats ceux qui dans leurs écrits professent l’athéisme, ou le matérialisme, ou le panthéisme, ou le déisme, c’est-à-dire la négation de la révélation chrétienne ; 3o aux hérétiques et aux schismatiques… 4o aux excommuniés publics et notoires ; 5o à ceux qui se sont donné la mort par colère ou par désespoir, si avant de mourir ils n’ont manifesté aucun repentir : on ne refuse pas la sépulture ecclésiastique à ceux qui se suicident par frénésie ou autre accès de maladie, ou étant en démence ; 6o à ceux qui, tués en duel, ont expiré sur-le-champ, lors même qu’ils auraient donné avant leur mort des signes de pénitence ;