Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/394

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mie, de l’histoire, à la diffusion des idées philosophiques, enfin au développement des arts, de l’industrie et de la littérature. Il nous propose donc de remonter jusqu’au quinzième siècle, et de reprendre l’histoire de l’humanité à cette date. Qu’on le nie si on veut ; ce n’en est pas moins là la vraie position de la question entre l’intolérance et nous. La question une fois posée, nous ne voulons pas la discuter ; ce serait peine perdue ; mais il y a peut-être quelque profit à déchirer tous les voiles, et à dire la chose telle qu’elle est.

Si on m’objecte qu’il se trouve, dans l’Église catholique, un grand nombre d’esprits modérés, sages, libéraux, qui acceptent leur siècle et demandent seulement à l’éclairer par la persuasion, je répondrai que cela est vrai, et que je n’éprouve, pour ces apôtres pacifiques, qu’une sympathie mêlée de respect. Je combats le fanatisme et l’intolérance là où ils sont ; et je n’ai jamais songé, grâce à Dieu, à faire la guerre au christianisme.

Je n’ajouterai qu’une réflexion, mais grave et douloureuse. C’est que la partie saine du clergé est dominée, malgré tous ses efforts, par la faction ultramontaine. Il serait trop aisé de le prouver par des faits, et de montrer les plus grands évêques de France obligés de céder à des laïques sans mission, sans autorité, sans dignité. La mémoire même de Bossuet a été presque condamnée de nos jours.

Il n’y a de remède que dans la liberté, mais dans la liberté complète, et par conséquent égale pour tous. La liberté vaut mieux que le monopole ; et elle vaut même mieux qu’un monopole combattu et contenu par un autre monopole.