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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/51

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rendre compte du sujet de la querelle ; elle lui sembla puérile, et il écrivit dans ce sens aux deux partis ; mais la discussion ne fit que se passionner et s’envenimer, et donna lieu à des luttes violentes. C’est alors que Constantin convoqua le concile de Nicée, car la question de savoir si le Fils est consubstantiel au Père devenait forcément une question politique. Le concile de Nicée formula la doctrine orthodoxe en ces termes : « Je crois en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, Fils unique du Père, Dieu né de Dieu, lumière émanée de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré et non pas fait, consubstantiel à son Père. » L’empereur exila tous ceux des évêques qui persistèrent avec Arius à nier la consubstantialité ; il défendit toute assemblée d’hérétiques, ordonna la confiscation au bénéfice du trésor des maisons où ils se réuniraient, et fit don à leurs adversaires de toutes leurs églises. L’hérésie, qui semblait abattue, se releva quelque temps après. Arius lui-même obtint son pardon ; Constance qui, dans le partage de l’empire à la mort de Constantin, avait reçu le gouvernement de l’Asie, de la Syrie et de l’Égypte, prit parti pour l’arianisme et persécuta les orthodoxes. Il fit même marcher une armée contre eux, ce qui prouve que les disputes sur la consubstanlialité ne se bornaient pas à des argumentations entre théologiens. Il y eut de part et d’autre des conciles, qui s’anathématisèrent réciproquement ; on proposa, sur la divinité de Jésus-Christ et la consubstantialité, de nombreuses formules, qui ne firent que multiplier l’obscurité et les divisions ; l’empereur Constant, qui régnait sur l’Italie, l’Illyrie et l’Afrique, prit parti pour saint Athanase, évêque d’Alexandrie, que ses talents avaient rendu le chef de l’Église orthodoxe. Mais Constant fut tué par Magnence ; Magnence fut vaincu par Constance, l’empereur arien, et cette victoire devint fatale, pour un temps, au dogme de la consubstantialité. Enfin, Constance lui-même, fatigué de ces luttes sans cesse renaissantes, et dont l’ardeur com-