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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/52

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promettait chaque jour la paix publique, assembla quatre cents évêques à Rimini, dans l’intention d’en obtenir la réhabilitation d’Arius, et comme les Pères se déclaraient, au contraire, attachés à la foi de Nicée, il leur envoya un formulaire dressé par des évêques ariens, et ne les laissa retourner dans leurs diocèses qu’après qu’ils l’eurent signé. Ils résistèrent quatre mois, et ne signèrent enfin qu’en souscrivant en même temps un autre formulaire, qui leur laissait au moins la ressource d’une équivoque. On vit alors à quoi tient l’orthodoxie, quand les empereurs se chargent de la faire triompher. Sous l’autorité de Constance, le concile de Rimini, en dépit de ses protestations et de ses réticences, avait sacrifié le mot de consubstantiel. Constance meurt, et est remplacé par Julien. Celui-ci n’était ni arien ni catholique ; il cesse de se mêler aux querelles intérieures de l’Église, et aussitôt les catholiques se relèvent de leur défaite de Rimini ; ils rentrent dans leurs diocèses, non pas, il est vrai, pour y vivre tranquilles, car la persécution ne faisait que changer d’objet, et Julien voulait leur imposer le paganisme. Jovien, qui lui succéda, fut un catholique zélé ; Valentinien, après lui, quoique attaché à la foi de Nicée, garda la neutralité comme empereur ; mais son collègue Valens, qui gouvernait l’Orient, persécuta les catholiques. Valens mort à la suite d’une défaite contre les Goths, tout l’empire se trouva réuni sous l’autorité de Gratien, fils de Valentinien, qui, à l’exemple de son père, admettait pour lui-même la foi de Nicée, et refusait de l’imposer aux dissidents par la force. Il ne tarda pas à trouver le poids de l’empire trop pesant, et prit pour collègue Théodose. Le premier acte du nouvel empereur fut d’ordonner, par une loi, à tous les sujets de l’empire, d’embrasser la foi orthodoxe et de renoncer aux erreurs d’Arius. Il n’alla pas d’abord jusqu’à défendre les assemblées des ariens, et résista longtemps aux prières de saint Amphiloque, évêque d’Hippone, qui sollicitait de lui des mesures sévères.