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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/85

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ce supplice, Berquin en appela devant la cour de Rome. Cet appel n’eut d’autre résultat que de le faire brûler le lendemain.

Jean Leclerc, Jean Châtelain, brûlés à Metz (ceux-là en Lorraine, mais Français et en pays de langue française), Jacques Tavanne, l’ermite de la forêt de Bondi, Latour, Hubert, brûlés à Paris, Dablet, Moulin, brûlés à Lyon, un auto-da-fé, célébré à Toulouse le 31 mars 1532, dans la seule ville du royaume où l’inquisition se fût maintenue[1], six hérétiques brûlés à Paris le 21 janvier 1535, une pauvre femme brûlée le lendemain, pour avoir fait gras le vendredi, un grand nombre de victimes demeurées inconnues, et dont l’histoire ne raconte que les effrayants supplices[2] ; en 1546 (l’année même de l’exécution d’Etienne Dolet) quarante-six réformés, dont dix-neuf femmes, condamnés à Meaux à diverses peines, et quatorze autres au feu, tels sont les fastes sanglants du règne de François Ier. Voilà le prince à qui Calvin a dédié son Institution chrétienne, la même année, il faut le remarquer, où paraissait aussi Gargantua. Un jour qu’on discutait devant le roi pour savoir s’il fallait condamner au feu de malheureux huguenots, Duchâtel, évêque de Tulle, et fondateur du collège de France, opina pour la douceur. Le cardinal de Tournon, qui avait voté les mesures les plus rigoureuses, lui fit des reproches au sortir du conseil : « J’ai parlé en évêque, lui répondit Duchâtel, et vous en bourreau. »

Passons sur les dernières années du règne de François Ier, de ce roi chevalier, de ce père des lettres, que Brantôme félicite d’avoir fait faire ces grands feux, et d’avoir montré le chemin de ces brûlements[3]. Trois édits

  1. Il n’y eut ce jour-là qu’une exécution à mort, et trente-trois condamnés à diverses pénitences.
  2. En 1535, les exécutions durèrent jusqu’au mois de mai.
  3. « Il en a fait faire de grands feux et en épargna peu d’eux qui vins-