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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/98

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CHAPITRE XIV.

L’assassinat religieux.


Tous ces règnes des derniers Valois sont pleins de guerres civiles, et toujours les querelles religieuses pour cause ou pour prétexte. Dans cette compétition entre deux religions ardentes dont chacune damnait l’autre, les âmes devenaient atroces. On s’habituait aux massacres ; on exaltait l’assassinat. Poltrot, l’assassin de François de Guise, avait ses dévots dans le protestantisme. Théodore de Bèze lui promettait le ciel, coronam. Le Réveille-matin, un pamphlet célèbre de l’époque, l’appelle

L’exemple merveilleux
D’une extrême vaillance,
Le dixième des preux
Libérateurs de France[1].

De même dans l’autre parti. Jacques Clément fut mis dans les litanies. On exposa son portrait sur l’autel entre deux cierges. Sa mère, qui demeurait dans un village aux environs de Sens, vint à Paris pour demander une récompense, le prix du sang que son fils avait versé. Madame de Montpensier l’hébergea : on fit pour elle une collecte ; quarante moines la reconduisirent comme en procession à

  1. Leber, De l’état réel de la presse et des pamphlets depuis Francois Ier, p. 82.