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Page:Kahn - La Pluie et le Beau Temps, 1896.djvu/14

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la pluie et le beau temps

À l’heure fraîche, un peu poudrées, frissonnent
À l’approche louche de la mort qui cisaille
Leur menu songe de toilette et de beauté.

Les calices s’exhalent aux aiguières ;
C’est comme le départ d’un automne très doux
De beau silence et méditation fière,
Vers une dure frontière
En mauves et liliennes robes,
Vers une âpre défense qui dérobe
Des caresses à d’autres caresses
D’un geste d’inflexible et silente tristesse.

Et cet instant de cruel nonchaloir
De fin inéluctable parmi l’éclat des choses,
L’esprit prêt à partir sur les nefs d’améthyste
Appareillant aux îles de miracle et de gloire
L’assimile aux pages claires et sibyllines
Où la voix grave des sultanes conte l’histoire
Des perles, des péris, des sources, des princesses tristes
Dans les cavernes étincelantes de statues
Et les jardins d’hymen où ne s’est jamais tu
Le trille du rossignol mourant au pied des roses.