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LA MER DANS LA NUIT


À Paul Fort.

La mer, avec un bruit de heurts de fer, déferle,
C’est le sou d’invasion torrentielle de barbares
Avec des suites lourdes d’épais chariots criards
De dures voix d’esclaves, convoyeurs de captives
Épars, au sort des routes, sous l’éclair du hasard.

Elle hurle un meuglement de vache souveraine
Humant sa route en effrois bavards
Par le silence obtus et tassé de la nuit
Et le tonnerre de sa voix que lui renvoient
Les échos des bourgades aux plaines
S’accentue en barrissement d’ennui.