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Page:Kahn - Le Roi fou, 1896.djvu/129

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fut couché dans la petite église, pour y dormir à jamais son rêve familier de grandes manœuvres et d’amourettes.

La reine s’exilait pour des mois, dans un lointain château près des landes de bruyères et des étangs opaques où ne s’aventurait nulle rame, assombri d’un horizon de pins noirs au lointain comme des cyprès, depuis longtemps seul et sans hôtes, désuet des pompes frivoles de la cour ; Christian n’y mettait jamais l’ombre même de sa présence. Elle n’emmenait que peu de familiers, dont la duchesse de Sparkling, dont la douleur fut touchante et exquise, toute ivoirine et mauve, sa merveilleuse et multiflore toison blonde, étroite, serrée, jusqu’à ne paraître sous les voiles qu’une plaque d’or ancien, à peine discernable, et le bon bibliothécaire Thaler, dont les longs discours coulent à pleins bords, corrects, et doux durant les invincibles sommeils sous la lampe, si myope