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Page:Kahn - Le Roi fou, 1896.djvu/155

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du margrave Joachim Egbert ; à vrai dire, ce ne fut pas absolument son goût propre qui la forma ; il consultait assez volontiers quelques poètes, et quoi qu’on ait dit que les poètes de ce pays-ci, au siècle dernier, étaient soucieux uniquement de savoir où l’on pouvait trouver le plus de tabac et le plus d’eau-de-vie à meilleur marché, il y avait parmi eux des gens de goût ; le margrave en avait d’excellents, quoiqu’il les payât moins cher que ses voisins ; peut-être parce que ses voisins tenaient beaucoup à ce que leurs poètes puissent proprement établir une tragédie à la française et désiraient d’eux un peu le genre et l’allure de M. de Voltaire ; lui au contraire aimait qu’ils pussent donner quelque charme lointain ou plutôt expansif à quelques denrées que le margraviat excellait à produire ; il prétendait seulement qu’ils énonçassent clairement et en beaux rythmes, les vertus des vins de France, que les savants savaient