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Page:Kahn - Le Roi fou, 1896.djvu/165

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mais très long, enfermait les longues pipes en porcelaine décorée de son illustre portrait, que donnait à ses féaux le margrave, comme plus tard Napoléon prodigua son portrait sur tabatière, portrait enrichi de diamants ; le margrave ne donnait pas de diamants, mais il donnait le tabac. Vérité en deçà, vérité au delà, dissemblables certes, pourtant nullement mensongères.

Mais à l’extrémité sud de la tabagie, une large baie ouvrait ses clartés sur les jardins, les lacs à cygnes, et la collection de perroquets, rangés sous les fenêtres, en files militaires ; de somptueux rideaux encadraient la belle fenêtre, et un trône sans obstruer la lumière, en effulgeait. Les captifs de la grande table pouvaient l’apercevoir d’un simple virement de tête. Le trône de velours rouge supporté par deux cariatides barbues d’or, le dossier large contourné de dryades à face de macaques servait de domicile au margrave, lorsqu’il