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Page:Kahn - Le Roi fou, 1896.djvu/171

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de haut-le-corps et de mépris. Joachim était convaincu. « Pourquoi, répétait-il parfois dans sa pipe, croire que votre nom posthume, l’existence réelle que l’on se dresse dans l’avenir, gagne, à ce que près de quelque fontaine de bourgade, un mauvais petit bronze perpétue votre nom tremblotant avec quelques gentes épithètes et des listes de contestables victoires. Le nom du souverain vit mieux parmi les peuples, s’il provoqua un long évohé parmi les sages et l’élite. Se promener débonnairement parmi les rues de la cité en s’inquiétant du prix des denrées, bâtonner de sa propre main quelque filou à l’Alt-Markt, et le livrer à son grand juge, légiférer pour le bonheur d’un peuple qui s’étire sous la loi a sa commodité, être Salomon ou conquérir comme Louis XIV, à quoi bon ? Il faut amuser le populaire, l’amuser, encore l’amuser ; pour le pain et la fortune ils savent bien se les voler les uns aux autres,