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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/122

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V

Je me mémore en ton fantôme d’ombre recluse
Et puis en tes parlers sillés de nuls falots —
Le décor se mobile aux mouvantes écluses
Du fleuve aux rouges et mordorés et verdâtres flots.

Au fleuve dont les flots sont mordorés et rouges
Mes yeux se sont penchés inquiets de tes climats
Façonnés de parlers tièdes dont le sillage bouge
D’arcs argentés, de sourires blancs, de lys en amas.

Le décor se mobile et fond en minceurs
Les falots au lointain sont perdus — et que dire ?
Les falots sont éteints. Rêveuse la noirceur
Accoude ses plis lourds aux berges mourantes du dire.

Aux berges s’est traîné démantelé le fleuve
Le décor assombri s’immerge en la logique
De l’Ève au parler sourd sillé de névralgiques
Regrets d’avoir été palais, décor, et fleuve, et veuve.