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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/135

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À qui mes baisers
Firent un tapis triomphal, rosé
Des aurores où nous menâmes
Nos pas, nos regards et nos âmes
Nos sens jaloux, nos âmes grêles, —
Tu demeures la ruine éclairée par les torches
Tandis que les grands vents ululent sous les porches
Souffletant de folioles errantes les écussons.

Et sans décolérer, l’agrégat des chimères
En souffles, en râles, en hurlements
Assiège de clameurs la part de firmament
Que laisse la ville à nos misères.

Par les chemins uniformes
Et par les houles multiformes
En souffles, en râles, en sons d’orgue lointain
C’est la si semblable à moi
Par les ressauts et les émois
Et l’intime et cruel débat
Et le morne ressouvenir des temps incertains ;
Et si lent s’éteindre le ressouvenir
De la bouche, de la bouche qui mord
Et plus lent encore, plus lent à venir
Le dédain des chimères sans mors.