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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/194

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Depuis que son haleine a passé sur ma vie
mes instants se parent en rosiers ravis
dont j’égrène les pétales de perpétuelles renaissances ;

Des lèvres de l’adorante blessure
vers le parfum de ses sourires
les perles et les baumes éclosent en abondance ;

Perdu dans l’infini murmure
d’une mer de grandes douceurs qui s’épandent de toi
j’éprouve les calmes rythmes de tes bonheurs à toi
et dans la grotte satinée de ta bouche ma vie se mure

Et le roi nègre à mi-voix :

Mes barques ivoirières et mes arbres aux ombres d’amour et de mort
mes géantes montagnes de marbre ciselé
et mes mers hospitalières au soleil quand il dételle
et mes landes infrangibles et mes monstres et mes labours,

Les esclaves qui lavent les turbans aux sources inconnues des fleuves
Les mausolées d’ancêtres où stagnèrent les douleurs de veuves
Mes gazelles et les parures adamantines des ailes
Qui frôlèrent mes repos près d’elles,