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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/205

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Les bras de tes statues disaient : « Demain, demain !
attendez l’heure proche des lèvres sur nos mains,
le bonheur est minute et la mort est minute
les tocsins de vos nerfs résonnent à la déroute
la route de vos folies si simples s’éjouit
vers les flacons d*espoir que tarit la minute
attendez l’heure proche de tes lèvres à mes mains.

En quoi tu m’as blessée, je n’en sais rien, mais viens !
je suis la ligne, et l’âme, et l’heure !
et que veux-tu du rêve ou de la chair ? mais viens
je suis la tienne et la douleur.

Pleure mes marécages mais viens à ma douleur
l’éventail de tes paroles rafraîchira mes crépuscules
quelle mort marmorise vos cœurs et qui recule
en toi, devant l’effort perennel de ma douleur.

Défaille,
mes bras de marbre te seront des coussins
les paumes de mes mains te berceront d’aumônes
défaille vers les senteurs qui fleurissent à mes zones ;
ah l’aimé, viens en joie, mes jardins sont ouverts. »