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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/255

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XIV

Je t’apporte, ami, mon cœur meurtri
le sillon des pas sur mon corps et sur mon âme
la grâce déjà promise, départie et reprise
et la caravane des triomphes que ta pensée blâme.

Je te donne, amie, mes lèvres vieillies,
les rides de mon front découronné par d’autres
et le banquet d’un cœur où l’on attendit l’hôte
l’hôte inconnu porteur de joies épanouies.

Je t’apporte, ami, la brève compagnie
d’un cœur en oubli, d’un cœur en folies, d’un cœur en voyage
paré pour des minutes vers les baisers du mage.

Je t’apporte, amie, la triste solitude
d’un cœur en soupçons, d’un cœur en souffrance, d’un cœur en débris
dont les préludes de fêtes et les bruits de bal sont enfuis.