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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/279

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X

Mad, vos pleurs en coquetterie, viennent bien tard —
Ce rendez-vous, c’était, tu sais, vers l’abreuvoir
où viennent boire les étalons et les onagres
Ah Mad, pourquoi devant moi clouté de clous
pleurez-vous ?

Pour que ces chiourmes et ces latins regardent
la mer de nuit de tes cheveux et l’atlantide de ta face :
ce rêve que la face qui souffre aux pieds de la croix efface
chez ces gardes la mémoire de faces
abolies dès les tavernes latines et les osselets derniers

Mad attristée, puis-je baiser tes pleurs, je suis cloué
Je suis cloué à la mâle croix — on m’a vendu
pour quelques sous ou défroques
Mad, j’espère venir les chiens de la mort et leurs crocs
s’enfoncer dans la sève intime de ma mort
Oh ces coquetteries, regarde ! c’est dès toi que j’aime la mort âcre !