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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/28

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ou soixante-dix ans, ne nous suffit plus. Est-ce à dire, comme on l’a cru, que nous le détruisions ? Nous le modifions seulement. J’ai voulu dire que nous n’avions pas affaire à un phénomène immuable, et qu’on pouvait s’y attaquer. Je sais bien qu’en France il fut longtemps plus difficile de discuter le sonnet que la loi de la gravitation universelle, d’attenter aux Trois Unités qu’à la liberté politique ; mais les temps viennent toujours. Cette règle respectable des trois unités, et ses vicissitudes sont, en ce moment, d’un excellent exemple, applicable aux destinées de la métrique.

Exécrable et même mauvaise, cette règle ne l’est certainement pas ; elle ne repose, a-t-on dit, sur rien, moins que rien, sur des interprétations erronées ou inutiles d’Aristote. Elle a pourtant le mérite d’avoir présidé à de belles œuvres serrées, à de nobles tragédies : elle suggère, par son existence, l’idée d’une étude de crise morale, sans péripéties, à beaux plis simples, brève, serrée comme la nature ; elle peut fournir au théâtre aussi bien que l’esthétique diverse et variée du drame. Les deux théories sont donc également logiques ? Oui, à condition