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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/27

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plus long à se perfectionner, et c’est de nos jours seulement qu’il a atteint toute l’ampleur, toute la souplesse, toute la variété et tout l’éclat dont il est susceptible. » C’est un des fondateurs du Parnasse, qui nous explique qu’il admet l’alexandrin, mais non le classique, l’alexandrin modifié (il le rencontre d’avance, avec joie dans les Plaideurs, c’est vrai, mais utilisé pour la farce) par le romantisme.

L’alexandrin est donc un vers qui, en une forme bien différente de celle qu’il affectait antérieurement, comptait, quand naquit le vers libre, un peu plus de soixante ans d’existence. Il n’y a donc pas lieu d’arguer contre nous d’un passé de sept siècles. Une invention de lettré, l’alexandrin de Bernay, s’est produite au xiie siècle ; elle a été modifiée, chemin faisant, plusieurs fois à en être méconnaissable ; on ne l’a pas allongée, c’est vrai, mais, à part cela, sa forme primitive a tout subi. Ce vers est devenu le vers de douze syllabes, avec dix césures possibles, avec césure obligée, car il n’y a pas de mots de douze syllabes : ce qui est presque l’abolition de la césure. Ce vers, qui suffit soixante