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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/283

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Et quand les dix frères vendirent l’aîné de ton âme
pour, on dit, soixante deniers
tu gardais son portrait en chair, ton Benjamin
le dernier,
tes esclaves te portaient aux vérandahs de tes tentes
Et quand le soleil s’endormait la même attente
te menait chaque soir aux horizons déserts
d’où peut-être viendra-t-il demain.

Daoud, ton fils qu’on assassine,
Thamar pleure à ses pieds, avec la Sulamite
Le soleil qui s’endort, dore ses plaies
et ses yeux bruns ternis pensent l’aurore que lui préparent
Ismaël, les Madianites, et Myriam, et Agar ;
Ton mourant te plaint, roi découronné
Roi que des pierres de passant assassinent

Et Daoud pleurait sous les pierres de Semeï
car tout châtiment, l’homme à lui-même se le prescrit ;
Semeï, ce bandit des routes étant allié
À quelque esclave de la Sulamite.