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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/299

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La mer supporte les chalands
alourdis de blés et d’ors et de passants
venus rire la fête de la cité
venus pour repartir vers d’autres cités.

Voici la plaine noire et lointaine devant nous ;
ne semble-t-il pas que des ombres
gravissent, pénibles, mornes et décombres
et noires, se lèvent vers nous.

Que distants et muets, sans se voir, ni savoir
où les mènent leurs pas
tous d’un effort même s’efforcent en la nuit noire
vers un éternel repas

Bonheurs en léthargies, fêtes en oubli, joies omises
caprices, en habit de forêts en folies
Sur ces cœurs de la lande désolée descendez
un instant dans un mirage épanoui
par les caresses
des lunes solitaires en traînes de reflets.

Détournons nos yeux de la lande larvée
regardons plus sereine que la fête de la cité
notre fête en nos cœurs et nos jours arrivés
au décor immobile et natal, à ma cité.