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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/349

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XXII

Je suis la synagogue, on y dit, pardonnez-nous
car nous avons pâti, gravement, contre nous
et avons nui au pauvre Dieu qu’avons construit
de nos mains, de nos nerfs et puis de notre ennui.

Je suis la basilique, on y dit, pardonnez-nous
car nous avons bâti, sur le sang et le sable ;
les os d’autres martyrs pavent le sol où nos genoux
implorent quelque chose, comme un Dieu de clémence
et peut-être de démence.

Et je suis la mosquée ; les offrandes des pâtres
parent mes murs sans images ; ce sont les pauvres fruits
de la terre marâtre où leur vie se détruit,
et je suis la Mosquée ; du plus haut minaret
j’ai su chanter ma peine et mon bonheur aussi.